Le vieillissement et le changement climatique pèsent lourdement sur les finances fédérales à long terme
Published: Tuesday, Apr 23rd 2024, 13:20
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En raison du vieillissement de la population et des mesures de protection du climat, la situation des finances publiques devrait rester difficile au cours des prochaines décennies. Une nouvelle étude du gouvernement fédéral estime que la dette publique risque d'augmenter considérablement en l'absence de contre-mesures.
Le rapport "Perspectives à long terme des finances publiques en Suisse" publié mardi par l'Administration fédérale des finances (AFF) fournit des projections tous les quatre ans, mais pas des prévisions, comme le souligne le gouvernement fédéral. Les évolutions démographiques et économiques sont soumises à de grandes incertitudes.
Les scénarios supposent également que les règles budgétaires, telles que le frein à l'endettement fédéral, ne s'appliquent pas. Néanmoins, le rapport met en évidence la nécessité de prendre des mesures de politique budgétaire au cours des 35 prochaines années. Les finances de la Confédération, des cantons, des communes et des caisses de sécurité sociale seront soumises à une pression croissante.
On sait déjà que la Confédération devra faire face à des déficits structurels pouvant aller jusqu'à 4 milliards de francs dans les années à venir, et le Conseil fédéral veut trouver des solutions avant la fin de l'année. Un groupe de travail correspondant se penche sur la question.
Forte augmentation du taux d'endettement
Selon le rapport, deux évolutions structurelles majeures, le vieillissement et le changement climatique, façonneront la politique financière de la Suisse pour les décennies à venir. "Ces deux domaines politiques poseront des défis majeurs aux budgets publics à moyen et long terme", écrit la Confédération.
Si l'économie et la population évoluent comme prévu, les projections montrent que les dépenses liées à la démographie passeront de 17,2% du produit intérieur brut (PIB) à 19,8% du PIB en 2060. En l'absence de réformes, la dette publique passerait de 27% actuellement à 48% du PIB.
Selon le rapport, le besoin de réforme est particulièrement prononcé aux niveaux fédéral et cantonal. Au niveau fédéral, ce sont surtout les dépenses de l'AVS qui posent problème, d'autant plus après l'adoption de l'initiative populaire pour une 13e rente AVS. Les finances cantonales sont davantage sous pression, notamment en ce qui concerne les dépenses de santé.
Croissance économique modérée
Le rapport estime également l'impact financier à long terme des mesures de protection du climat afin d'atteindre pour la première fois l'objectif du zéro net. La Suisse s'est engagée dans cette voie avec la loi sur la protection du climat.
Sur la base des hypothèses retenues, les projections montrent que la trajectoire vers le zéro net pèsera principalement sur le gouvernement fédéral et les caisses de sécurité sociale, comme le montre le rapport. "En effet, les mesures de protection du climat freinent la croissance économique et, par conséquent, la croissance des recettes publiques.
L'électrification du secteur des transports entraînerait également une perte de recettes provenant de l'impôt sur les huiles minérales et de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP). Toutefois, l'étude part du principe que ces pertes peuvent être compensées par des taxes de remplacement.
Étude avec caractère pilote
Le recours accru aux subventions dans le cadre de la politique climatique augmente encore la pression sur les finances publiques. Selon le scénario, le taux d'endettement global des pouvoirs publics en 2060 serait de 8 à 11 points de pourcentage plus élevé qu'en l'absence de mesures de protection du climat. Bien qu'aucune estimation fiable ne soit encore disponible au niveau international ou pour la Suisse, les scientifiques s'accordent à dire que les coûts du changement climatique pour les budgets publics seront nettement plus élevés que les coûts des mesures de protection du climat.
Les coûts du changement climatique lui-même et ceux des mesures d'adaptation n'ont pas pu être quantifiés faute de données suffisantes. Pour l'instant, l'analyse se limite donc aux coûts de la politique climatique.
Les scénarios sur le climat de la politique financière sont basés sur une étude de l'institut de recherche Ecoplan. Selon le gouvernement fédéral, cette analyse est un projet pilote. La Suisse est l'un des premiers pays au monde à réaliser une telle estimation.
©Keystone/SDA