ven, 15 mars 2024
Swiss Steel est aux prises avec une perte vertigineuse, des capitaux propres en chute libre et un besoin pressant d'augmenter son capital dans un contexte de faible demande et de défis opérationnels.
Le groupe sidérurgique Swiss Steel a connu une nouvelle année désastreuse. L'entreprise de Suisse centrale a enregistré une énorme perte, ce qui a fait chuter ses fonds propres. Swiss Steel doit maintenant augmenter son capital.
Au total, le seul producteur d'acier de Suisse a subi une perte nette de 294,8 millions d'euros après un mini-bénéfice de 9,4 millions d'euros l'année précédente.
Le groupe ne sort tout simplement pas de la crise : au cours de trois des cinq dernières années, Swiss Steel a accumulé une perte cumulée de 1,13 milliard de francs suisses. En revanche, en 2021 et 2022, le groupe n'a enregistré qu'un maigre bénéfice de 59 millions de francs.
La demande pour les produits de Swiss Steel a diminué : les volumes de vente ont baissé de 17,3% pour atteindre 1 375 kilotonnes en 2023. Les commandes de l'industrie automobile et du secteur de la construction d'installations et de machines ont été faibles, a déclaré M. Koch. Les usines de Swiss Steel ont été sous-utilisées.
Le chiffre d'affaires a diminué de près d'un cinquième pour atteindre 3,2 milliards d'euros en 2023. Sur le plan opérationnel, le groupe a enregistré une perte ajustée avant amortissements (EBITDA) de 40,9 millions d'euros. L'année précédente, Swiss Steel avait tout de même réalisé un bénéfice de 217 millions d'euros.
Le trou doit maintenant être comblé par une augmentation de capital d'au moins 300 millions d'euros. Cette augmentation est garantie par l'actionnaire principal Martin Haefner et sa société Bigpoint, qui, selon les dernières informations, détient 32,73 % de Swiss Steel. Dans une déclaration, M. Haefner s'est dit convaincu de la viabilité future du modèle d'entreprise de Swiss Steel.
Il reste à savoir si l'actionnaire principal Peter Spuhler et son PCS (20,36 %) participeront également à l'augmentation de capital.
L'augmentation de capital doit être approuvée par les actionnaires lors d'une assemblée générale extraordinaire le 4 avril. Les actions détenues par les principaux actionnaires sont susceptibles d'augmenter à la suite de l'augmentation de capital.
Bigpoint risque ainsi de dépasser le seuil d'un tiers des actions et de devoir présenter une offre publique d'achat à tous les actionnaires, conformément à la loi.
Haefner veut éviter cela et a donc demandé à la Commission des offres publiques d'acquisition (COPA) une clause d'opting-out. Cette demande a été approuvée.
Swiss Steel poursuit sa propre restructuration. Sept sociétés de vente en Europe de l'Est ont été vendues, de même que l'unité de vente au Chili et la participation du groupe dans la coentreprise chinoise Shanghai Xinzhen Precision Metalwork.
La vente de certaines parties d'Ascometal France annoncée en décembre dernier n'a pas encore eu lieu, car les parties concernées discutent encore des options et ne sont pas encore parvenues à un accord définitif, a ajouté Swiss Steel.
Parallèlement, Ascometal France Holding continue d'examiner toutes les options stratégiques pour l'avenir de l'ensemble de ses entités.
La plus grande unité de production, Deutsche Edelstahlwerke (DEW), a été réorganisée et scindée en deux unités de production juridiquement distinctes. 350 emplois ont été supprimés. Plus de 130 millions d'euros de coûts devraient être économisés d'ici à 2025. Au total, le groupe sidérurgique a réduit ses effectifs de plus de 1000 emplois pour atteindre 8812 salariés. La vente d'entreprises en Europe de l'Est y a également contribué.
Le PDG du groupe, M. Koch, estime qu'il est encore possible de procéder à d'autres suppressions d'emplois. Celles-ci auront lieu principalement dans les fonctions administratives. M. Koch n'a pas donné de détails sur l'ampleur de ces suppressions : "Cela fait l'objet de discussions en cours".
©Keystone/SDA